L'Obésité
L’obésité est un excès de masse grasse dangereux pour la santé (cause du diabète, de l’hypertension, de l’apnée du sommeil…).
Le thème de l'alimentation nous est apparu comme un sujet charnière entre le soin et l'éducation. En effet, en Santé Publique, l'alimentation renvoie à ce qu'on nomme "éducation à la santé", " éducation thérapeutique", "éducation alimentaire" ou encore "éducation nutritionnelle", tandis qu'en éducation spécialisée, le thème de l'alimentation renvoie à l'accompagnement des personnes dans la vie quotidienne et les repas, ainsi qu'à la cuisine comme activité éducative.
Notre question a donc été la suivante : dans les institutions médico-sociales recevant un public de personnes handicapées mentales, y a-t-il une liaison entre l'éducatif et le médical au niveau de l'accompagnement des repas et des activités éducatives concernant l’alimentation ? Mais une seconde question se pose : si elle existe, quelle importance cette liaison accorde-t-elle à la prévention du surpoids et de l’obésité ? Ce qui finalement nous amène à la question éthique : y a-t-il un risque de stigmatisation supplémentaire dans la prévention du surpoids chez les personnes handicapées mentales, public particulièrement vulnérable ?
Obésité et Handicap
Les personnes handicapées mentales peuvent rencontrer des difficultés spécifiques en rapport avec l’alimentation, qui posent des problèmes éthiques lorsqu’on envisage de mettre en place une prévention de l’obésité. On peut en particulier craindre une stigmatisation supplémentaire liée à leurs comportements alimentaires, et une remise en cause de leur autonomie. Il s’agit de poser le problème d’une éventuelle liaison entre l’éducation spécialisée et l'éducation sanitaire nutritionnelle. Quel rôle l’accompagnement socio-éducatif doit-il jouer dans la prévention du surpoids ? Il nous est apparu que les professionnels sont sensibilisés à la question de l’obésité mais que de nombreux flottements persistent dans l’appréciation des actions à mettre en place.
Faut-il développer une éducation à la santé dans le cadre de l'éducation spécialisée ? Notre point de départ était le thème du handicap dû à une limitation des capacités intellectuelles et/ou cognitives, appelé couramment « handicap mental », avec un questionnement sur le partage et les relations entre le médical et le social au sujet des personnes qui sont désignées par cette expression. Y a-t-il divergence ou convergence, concurrence ou partenariat ?
Les facteurs directs et indirects pouvant influencer une prise de poids excessive :
- Les excès d’apports énergétiques :
L’augmentation de la densité calorique de l’alimentation, la diminution de la consommation de fruits et légumes, la déstructuration des rythmes alimentaires, la disponibilité des aliments sont autant de facteurs susceptibles de prendre en défaut la régulation du bilan d’énergie. Il faut également considérer les déterminants psychophysiologiques (olfactifs, visuels, cognitifs...) et sociaux. La convivialité, les habitudes familiales, les sollicitations professionnelles conduisent ainsi à une augmentation des apports lors des repas. On observe également de véritables troubles du comportement alimentaire qui sont, bien souvent, en rapport avec un état de mal être voire une dépression. Les désordres alimentaires sont, aussi, de plus en plus souvent liés à la répétition de régimes excessifs.
- Les défauts de dépenses énergétiques :
Le développement de l’obésité est à mettre en parallèle avec la diminution de l’activité physique et l’adoption d’un style de vie sédentaire.
- Les antécédents familiaux :
Le risque d’être obèse est plus élevé dans les familles de sujets obèses. Les sujets présentant une obésité morbide ont 25 fois plus d’antécédents familiaux d’obésité au premier degré que les non obèses. Ce risque augmente avec la sévérité de l’obésité.
- Les facteurs psychologiques :
Dans un certain nombre de cas, les désordres psychologiques conduisent à l'obésité par le biais d'une modification du comportement alimentaire.
- Le mode de vie :
A l’origine de la réduction des dépenses énergétiques, interviennent l’évolution de l’habillement, du chauffage, des moyens de transports, du travail manuel, du travail d’acquisition de la nourriture (chasse, agriculture...), le développement des services, la réduction du « coût énergétique » des activités de consommation, les évolutions de la communication. Deux exemples sont souvent cités : l’automobile et la télévision. Il existe en effet une relation étroite entre le nombre d’heures passées devant la télévision et la prévalence de l’obésité. Les enfants y sont particulièrement vulnérables.
- Les facteurs liés à l'environnement précoce :
Quelques données épidémiologiques suggèrent que la période intra-utérine et des premiers mois de vie pourrait représenter une période de vulnérabilité. Le diabète maternel pendant la grossesse est un facteur de risque démontré de l’obésité de l’enfant. A l’opposé, l’allaitement maternel serait associé à une moindre prévalence de l’obésité dans l’enfance. Le système de production et de distribution alimentaire est au coeur de la discussion sur les facteurs économiques. Il a connu des évolutions majeures à tous les niveaux : production, transformation, acquisition, préparation, consommation. La distribution des aliments rend accessible à chacun en tout temps en tout lieu des calories agréables denses et en larges portions, au delà des besoins de base. Il faut également rappeler que les calories les plus denses sont souvent les moins chères.
- Les facteurs sociaux et d’environnement :
L'environnement nutritionnel (abondance, variété, palatabilité, densité calorique, disponibilité), mais aussi familial (établissement des conditionnements et habitudes alimentaires, désir de ressemblance à un parent obèse...), et social (stress, racisme "antigros"), s’associent aux évolutions économiques et des modes de vie (sédentarité) pour favoriser l'obésité chez les individus qui y étaient prédisposés. Si toute la société est frappée par le développement de l’obésité, certains sous-groupes paraissent plus vulnérables. La prévalence et l'incidence des obésités dépendent étroitement de déterminants socioculturels et économiques.